De nouvelles découvertes pour la recherche de vie sur Mars

Des chercheuses et chercheurs de l'Université de Berne, en collaboration avec l'Université des sciences et technologies Houari Boumediene en Algérie, ont réalisé des progrès importants en astrobiologie. Dans une étude qui vient d'être publiée, ils ont pu détecter, à l'aide du spectromètre de masse bernois LIMS, des micro-organismes fossiles dans le gypse messinien, échantillonné en Algérie. Cela montre qu'à l'avenir, le LIMS pourrait également servir à rechercher des traces de vie dans des dépôts similaires sur Mars.

Les dépôts de gypse sur Mars pourraient cacher des traces de vie ancienne - des microbes qui ressemblent aux premières formes de vie sur Terre il y a quatre milliards d'années. Pour détecter de telles biosignatures, c'est-à-dire des traces de vie, il faut des instruments de haute précision qui fonctionnent également dans l'espace.

Des chercheuses et chercheurs de l'Université de Berne ont maintenant testé avec succès sur Terre un spectromètre de masse à laser miniature appelé LIMS (Laser Ablations Ionisations Mass Spectrometer). Ils ont réussi à démontrer que l'instrument développé à Berne est capable d'identifier des traces de fossiles microbiens dans des dépôts de gypse terrestre qui se sont formés dans des conditions similaires à celles des dépôts sur Mars. Cet instrument spatial pourrait donc être utilisé lors de futures missions martiennes pour rechercher une vie passée sur Mars. L'étude, dirigée par Youcef Sellam du département de recherche spatiale et de planétologie de l'Institut de physique de l'Université de Berne, vient d'être publiée dans Frontiers in Astronomy and Space Science.

Des traces de vie dans du gypse vieux de millions d'années

Les dépôts de gypse algérien étudiés par l'équipe de Sellam datent de la période dite de la crise de salinité  messinienne. Au cours de cette période géologique, il y a environ six à cinq millions d'années, la Méditerranée s'est partiellement ou presque entièrement asséchée. Des roches d'évaporation (évaporites) d'une épaisseur pouvant atteindre deux kilomètres se sont déposées dans les bassins marins les plus profonds. Celles-ci ont formé la base de ce que l'on appelle le « gypse messinien ». « Notre étude montre que le gypse peut préserver des micro-organismes fossiles et qu'il est capable de conserver la vie microbienne sur de longues périodes géologiques », explique Sellam.

Sur Mars, les conditions environnementales sont uniques et pourraient avoir influencé la conservation des biosignatures au cours des périodes géologiques. Néanmoins, Sellam explique que « des dépôts similaires à ceux qui existent en Algérie dans les anciennes mers martiennes sont, de notre point de vue, des cibles prometteuses pour la recherche astrobiologique et pour la détection de la vie sur Mars. »

Les échantillons de gypse utilisés pour l'étude proviennent d'Algérie, un pays avec des formations géologiques remarquables qui peuvent fournir des informations précieuses sur les environnements planétaires. En plus de ces échantillons, l'Université algérienne des sciences et de la technologie Houari Boumediene a également apporté une expertise géologique importante. Sellam déclare : « C'est la première étude astrobiologique à laquelle l'Algérie participe. En tant que chercheur algérien, je suis particulièrement heureux que cette étude nous permette de renforcer la présence de l'Algérie dans le domaine de la planétologie et de la communauté scientifique. »

Un instrument bernois prêt pour Mars

L'équipe de recherche a réussi à détecter des biosignatures dans les dépôts de gypse terrestre grâce au LIMS, le spectromètre de masse laser miniature développé et construit à l'Université de Berne. Le LIMS sera envoyé sur la Lune en 2027 où il sera utilisé pour l'analyse chimique des roches lunaires (pour plus d'informations, voir également ici). Dans le cadre de l'étude actuelle, il a été perfectionné de manière à pouvoir analyser les dépôts de gypse.

Peter Wurz, professeur d'astrophysique à l'Université de Berne et directeur du projet  LIMS, explique : « L'étude montre que LIMS est capable de détecter efficacement les biosignatures dans les minéraux sulfatés comme le gypse. La technologie est donc vraiment mûre pour être intégrée dans les futurs rovers ou atterrisseurs martiens pour une analyse in situ. »

Informations sur la publication :

Sellam Y, Gruchola S, Tulej M, Keresztes Schmidt P, Riedo A, Meddane S and Wurz P (2025). The search for ancient life on Mars using morphological and mass spectrometric analysis: an analog study in detecting microfossils in Messinian gypsum. In: Front. Astron. Space Sci.

DOI: 10.3389/fspas.2025.1503042

Recherche bernoise en astrophysique : parmi l’élite mondiale depuis le premier alunissage

Le 21 juillet 1969, Buzz Aldrin, qui devint le deuxième homme à descendre du module lunaire, a été le premier à déployer la voile solaire bernoise et à la planter dans le sol lunaire, devant le drapeau américain. Le Solar Wind Composition Experiment (SWC), planifié, fabriqué et évalué par le Prof. Dr. Johannes Geiss et son équipe à l’Institut de physique de l’Université de Berne, a été le premier moment fort de l’histoire de la recherche en astrophysique bernoise.

La recherche en astrophysique bernoise fait depuis lors partie de ce qui se fait de mieux au niveau mondial : l’Université de Berne participe régulièrement aux missions spatiales de grandes organisations spatiales comme l’ESA, la NASA ou la JAXA. Avec CHEOPS, l’Université de Berne se partage la responsabilité avec l’ESA pour toute la mission. En outre, les scientifiques bernois font partie de l’élite mondiale en ce qui concerne les modélisations et les simulations sur la naissance et au développement des planètes.

Le travail fructueux du Département de recherche en astrophysique et planétologie (RAP) de l’Institut de physique de l’Université de Berne a été consolidé par la fondation d’un centre de compétences universitaire, le Center for Space and Habitability (CSH). Le Fonds national suisse a en outre accordé à l’Université de Berne le financement du Pôle de recherche national (PRN) PlanetS, qu’elle dirige avec l’Université de Genève.

25.02.2025